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Bzzz Bzzzz
09/08/2006 10:29
comme si elle était seule au monde, elle gravit l'echelle de secours, et grimpa au sommet de l'immeuble elle était squelettique. avait les cheveux tres sombres qu'elle prenait soins de ne jamais coiffer. c'était sa marque de fabrique. avoir l'air endormie, reveuse. elle voulait posséder la légèreté d'un funembule. deja enfant, elle flottait parmis ses camarades. ses pieds semblaient ne jamais que froler le sol. on l'appelait la Mouche. elle était gracieuse et légère mais sombre et effrayante. ces grands yeux noisettes s'ouvraient sur le monde chaque fois que le soir tombait. la Mouche s'éveillait et sautait de son lit. s'asseyait sur le rebord de sa fenetre et allumait sa premiere cigarette. enmitoufllée dans un grand polaire, elle se nourissait du vent glacé de janvier. elle comptait les reverberes. propulsant la vie en chaque scintillement, elle pouvait passer des heures ainsi. puis elle rentrait, courant dans toute la maison, s'envolant à chaque porte franchit. ses yeux riaient d'un rire sonore. profond. sincere. mais jamais sa bouche n'émit un son. jamais un sourire vaint eclairer son visage. ces bras montaient, montaient jusqu'a toucher le ciel. parce que la lune est douce a caresser. elle fouillait dans un tas de vetement entassés, jetés par terre au gré de sa folie. enfilait ce qui avait grace a ces yeux. volait son trousseau de clées à la serrure et franchissait le seuil de la porte. enjambait le portail. s'éraflant au passage. puis dansait dans la rue, au son des étoiles. au rythme de ses reves. son esprit était melodieux, les notes s'échappaient de ces grands yeux. elle zonait, connaissait la ville par coeur, mémorisait la moindre felure sur un mur. la plus petite aspérité des maisons. le nom de chaque brin d'herbe. elle se racontait milles histoires, dansait milles danses, et révait 1000 vies. elle les vivait toutes, sans exception. mais son corps faisait barrage et elle voyait qu'il ne suivrait pas. il refusait de s'envoler en meme temps qu'elle. recclamait la sagesse et la possibilité de sentir les années defilées. pour elle, la vie n'était qu'une suite de nuits, qu'une suite de contes.jamais elle n'avait pensé qu'elle pourrait vieillir. La Mouche avait 16 ans, et deja, ce n'était plus une enfant. Un jour, il faudrait qu'elle cesse. qu'elle abandonne ses vies pour un monde qu'elle ne connaissait pas. fait de bruit, de minutes, d'heures et d'obligations. elle n'en avait pas encore totalement conscience mais ressentait qu'elle ne serait bientot plus elle. alors elle se sentait seule, les brins d'herbes ne lui parlaient plus. alors, comme si elle était seule au monde, elle est grimpée le long de l'escalier de secours. elle est parvenu au sommet de cet immeuble. d'ici elle dominait la ville, celle qui l'ignorait a présent, celle qui ne lui parlait plus. elle a sauté, elle portait un grand manteau de feutre rouge. il s'est ouvert en pleine chute. on aurait dit un papillon humain. elle a hurlé. premier son qu'elle laissait échapper. il fut mélodieux, comme sa vie.. s'est infiltré dans le sommeil des somnembules et des enfants. elle s'est posée, délicatement sur le sol, sans bruit, sans vie. La Mouche s'était promis de toujours rester jeune, de toujours rester elle.. elle y a tellement cru qu'elle a reussi. le lendemain matin, son corps avait fondu, il avait fecondé le bitume et un tapis de coquelicots fleurissaient le sol. elle l'avait vaincu. il avait disparu, ce corps si encombrant. sa maison aussi.. plus qu'un immense champs sauvage... personne ne se souvint d'elle, sauf peut etre quelques somnembules, qui avaient vu un papillon humain s'envoler au dessus de la vie. une nuit, une fois.. aujourd'hui, la majestée du champs a laissé place à un quartier residentiel, et l'on ne comprend pas, mais il pousse toujours des fleurs dans les maisons, entre les dallages.. tout comme le tapis de coquelicots qui subsiste au pied de cet immeuble.
La Mouche doit être heureuse, a présent, elle peut se nourrir d'étoile et caresser la lune. sans avoir a etendre les bras, haut, haut, haut..
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