Esprit empourpré.
Je reste couchée mais les yeux ne sont pas clos.
Ils ne veulent plus se fermer.
Trop de pensées affluent, trop de haine émerge de ce que je suis.
Le sommeil n’est plus réparateur.
Il se contente de se livrer à une mascarade pitoyable.
Des nuits maculées de souvenirs arrogants. Qui se superposent. S’embrument.
Disparaissent à demi.
Des envies qui trépassent à mesure que mon corps se fait languissant.
Impuissant face aux attaques.
Las, à demi couché, seuls les yeux restent actifs.
Observe le jour, la nuit, la vie.
Plus rien ne répond que ce corps qui décrépit dans un sommeil artificiel.
Lourd, trop lourd, de plus en plus lourd.
Tellement mieux couché. Inerte.
Avec pour unique ouverture un regard aveugle.
Envie de tout Suspendre.
Arrêter ce qui n’a pas commencé.
Anéantir ce qui subsiste.
Achever le tissu social qui entoure le quotidien.
Coudre sur mon corps ce que je suis.
Pour ne pas l’oublier.
Pour ne plus l’oublier.
Parce que s’il n’y a qu’une chose que je dois réussir, c’est ça.
Résignée, jusqu’à demain ou j’aurais encore tout oublié.
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tourbillon dans nantes.
des visages, toujours plus de visages.
des corps, des sensations, des rires.
tourbillon dans nantes
toujours plus de visages. encore plus de prénoms.
de grandes idées autour d'une petite bière
de petites idées autour d'une girafe.
et puis,
la musique à fond.
trop de visages. trop de pornographie gratuite.
un train, un être humain.
le tourbillon continu.
on se reveil sans avoir dormi.
sans savoir ou nous sommes.
le corps douloureux d'avoir survécu à la vie des autres.
l'avis des autres.
et puis,
c'est la nuit qui est revenue.
pareillement au silence. d'un coup.
aussi soudainement que l'endormissement.
le froid, les douleurs, la fatigue sont toujours la
mais le sourire d'une collectivité vivante.
l'espoir vain d'un eventuel meilleur
rechauffe un peu les paupieres.
alors on roule.
les heures défilent au son du moteur.
les béru font peur à la fatigue.
la chaleur anesthesie les douleurs.
un peu.
et puis,
200km plus loin.
c'est un porte clée qui m'attend.
mon corps est mort mais mes yeux voient encore.
Gecko.
A demain,
a dans 60km.
Dis, c'est dans combien de toc-toc, qu'il n'y aura plus ce toc-toc ?
c'est dans combien de pause qu'on sera libre ?
c'est dans combien de pizzas qu'on arrêtera de compter pour vivre ?